Le questionnement radical de Monique Wittig, ou le modèle théorique lesbien comme virtualité et conscientisation
Abstract
Dans The Straight Mind (La Pensée Straight), Monique Wittig propose une déconstruction de
l’idéologie hétérosexuelle en tant que système politique d’un point de vue lesbien, en se plaçant donc à la marge
de l’hétéro-patriarcat pouvoir mieux l’examiner et le subvertir. En remettant en cause le mythe essentialiste de
« La » femme, l’auteure pose le lesbianisme comme une identité affective mais surtout politique et économique
de résistance à l’hétéro-sexisme et au patriarcat. Cet ouvrage est l’un des ouvrages théoriques fondateurs du
féminisme matérialiste et par extension des Gender Studies puisqu’il implique le questionnement même des
catégories de sexe/genre social. C’est ce féminisme « à la française », né à la fin des années 1970 et inclus dans
le corpus de la French Theory, qui a donné naissance aux Gay & Lesbian et aux Queer Studies aux Etats-Unis
avant de rayonner dans tout l’occident jusqu’à aujourd’hui. Dans Les Guérillères et Le Corps lesbien en
particulier, l’auteure rend un hommage lyrique aux corps des femmes totalement « décolonisés » de l’emprise
des hommes (les femmes ne sont-elles pas « le continent noir » d’après Freud ?), créant ainsi une nouvelle
mystique lesbienne, entre poésie et politique. Dans cette optique, je propose une analyse de l’assertion de Wittig
selon laquelle « les lesbiennes ne sont pas des femmes » à la lumière du travail de Simone de Beauvoir, Collette
Guillaumin, Christine Delphy et bien entendu Beatriz Preciado, Teresa de Laurentis et Marie-Hélène Bourcier