L' ’aventure comme possibilité chez les personnages féminins de Marguerite Duras : Un barrage contre le Pacifique
Abstract
S’inscrivant dans « l’espace autobiographique » (Ph. Lejeune) qui circonscrit tous les écrits de
Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique est, à une lecture de surface, un roman réaliste, violemment
anticolonialiste. De fait, les aventures des personnages, dont l’authenticité est garantie par l’ancrage tant dans
les réalités de l’espace colonial – l’Indochine française – que dans l’histoire personnelle de l’auteure, y sont
projetées dans le mythe, à travers une écriture symbolique, hantée par les figures répétitives de la nostalgie des
origines (y compris la figure archétypale de la « mère terrible », mais également « nourricière »). Condamnés à
une existence tragique, dans un monde clos situé sous l’emprise de la fatalité naturelle (condensée dans le
symbole de la grande marée de juillet) et humaine (l’injustice coloniale), les personnages et, en particulier, les
femmes se laissent séduire par les fantasmes du bonheur, en substituant à la réalité misère des univers
compensatoires, et à l’aventure réelle – l’aventure comme possibilité.