DU ROMAN HISTORIQUE A LA METAFICTION HISTORIOGRAPHIQUE:
LE NOM DE LA ROSE D’UMBERTO ECO
Abstract
En reprenant dans une étude publiée en 2000 un fragment d’une interview qu’Umberto Eco
lui avait accordée en 1994, Susanne Kleinert commentait l’opinion du romancier selon
laquelle
le travail d’un écrivain postmoderne ne se distingue pas fondamentalement du travail de
l’historien, en ce que la métaréflexion par rapport aux sources (soit de la fiction, soit de
l’historiographie) rend transparent le processus de pensée inhérent au texte. Dans ce
même entretien, Eco a esquissé une définition de la littérature postmoderne comme une
historiographie de l’imaginaire
qui «s’adapte très bien à ses propres romans» (Kleinert en d’Haen, van Gorp et MusarraSchrøder 2000: 145-146). Les romans historiques d’Eco «nous rappellent les systématisations
de la pensée et du monde conçus par des époques passées, en faisant errer les protagonistes
dans ces labyrinthes de la pensée que nous avons oubliés – à l’exception des spécialistes. Et
en même temps, Eco semble jouer de la possibilité d’en mélanger les codes, à son avis la
seule chance d’oublier activement» (Kleinert en d’Haen, van Gorp et Musarra-Schrøder
2000: 147).