Une rupture sans fin: la mémoire contestée de la perestroïka en Russie / A never-ending rupture: the contested memory of perestroika in Russia
Abstract
In contemporary Russia, perestroika - the reforms led by Mikhail Gorbachev between 1985 and 1991 - is often seen as synonymous with chaos and the collapse of the state. Yet this article shows that this period remains a contested collective memory, where it symbolizes an unfinished past, a bearer of present-day hopes and fears. In contrast to the widely condemned 1990s, perestroika provokes heated debate against a backdrop of weak state commitment to this legacy. Presidents Putin and Medvedev have avoided taking a stand, leaving room in the political and media spheres for fierce memory wars aimed at “continuing,” “repeating” or “avoiding” the repetition of perestroika, as a model or counter-model for expected or feared reforms.
Résumé
Dans la Russie contemporaine, la perestroïka, réformes menées par Mikhail Gorbatchev entre 1985 et 1991, est souvent perçue comme synonyme de chaos et d’effondrement de l’État. Pourtant, cet article montre que cette période reste une mémoire collective contestée, où elle symbolise un passé inachevé, porteur d’espoirs et de craintes actuelles. Contrairement aux années 1990, largement condamnées, la perestroïka suscite des débats houleux dans un contexte de faible engagement de l’État sur cet héritage. Les présidents Poutine et Medvedev évitent de prendre position, laissant place dans les sphères politiques et médiatiques à des luttes mémorielles féroces visant à « poursuivre », « répéter » ou « éviter » la répétition de la perestroïka, en tant que modèle ou contre-modèle des réformes attendues ou redoutées.