Stil moromețian vs. stil predian
Abstract
La présente étude a une double visée: la première, présenter la valeur de l’oeuvre de Marin Preda à travers l’analyse stylistique, la seconde,
démontrer, sans aucun doute, l’engagement politique contestataire et l’opposition politique de l’auteur. Peu d’écrivains roumains connaissent aujourd’hui des attaques aussi virulentes à l’adresse de leur postérité et, de surcroît, leur objet est justement la mise en question de leur élément d’opposition politique au régime communiste de l’époque. On constate, après l’analyse de l’oeuvre predienne, que
dans la lutte contre la domination toute-puissante du style du grand roman Moromeții, Marin Preda essaie de toutes ses forces de forger un autre style littéraire, un style « propre », qui ne soit plus morometien, mais predien. Le milieu citadin des romans L’Impossible retour, Le Délire, même La vie comme une proie, mais surtout, Le plus aimé des terriens, tue la saveur de l’authenticité simple de son chef-d’oeuvre, Moromeții. Ces romans ont, en revanche, une autre qualité, car ils sont une fresque dramatique de la société socialiste et de tous ses grands acquis odieux. Même si le style predien n’a pas la force, ni l’authenticité de celui morometien, Le plus aimé des terriens, reste un point de référence dans la littérature roumaine, au moins par le fait qu’il est le seul roman roumain qui mette sous les yeux la terrible morale, conformément à laquelle dans une société malade, l’amour ne peut pas exister… Au-delà des considérations critiques, ce qui reste dans la mémoire du lecteur est justement l’attitude protestataire, attitude visiblement ironique à l’adresse de la « société socialiste multilatéralement
développée », deshumanisante, du roman et, implicitement, de Marin Preda, attitude pour laquelle son style est sacrifié.